Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/294

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de ces dents, l’on s’empressa, de généraliser ; on le fit en outre par nécessité. Une position impérieuse prescrivait d’en finir ; car il fallait pourvoir aux seuls besoins connus alors, à ceux de l’histoire naturelle uniquement occupée du rangement des espèces, de la classification des êtres.

Une dent est de moins quelque part. Un physiologiste se demanderait comment et pourquoi ? Le classificateur, à la renaissance des lettres, s’en tient au fait oculaire ; il estime cette observation pour sa valeur d’un trait caractéristique : cette absence d’une des sortes de dents lui est précieuse ; car avec cette considération de plus,il trouve à distinguer et établir une famille nombreuse, de sorte qu’il ne se rend nullement difficile sur la causalité du fait organique.

Cependant tout ceci a lieu dans le moment des premiers progrès de la zoologie, où en effet un long tâtonnement a déja fait connaître quels caractères doivent être préférés par le classificateur pour la composition de ses ordres de mainmiferes : ce sont les dents, et principalement les dents antérieures. On trouva à celles- ci deux avantages ; 1o  d’être facilement et tout d’abord visibles quand la bouche est entreouverte, et 2o  d’avoir une valeur de révélation. Et on entend par-là que leur modification se lie nécessairement à la plupart des autres faits de variation des êtres ; en sorte que la considération de ces dents fût élevée au premier rang des caractères indicateurs. D’après ces remarques, on changea le nom d’incisivi en celui de primores. On se flatta d’exprimer de cette manière deux idées d’un enseignement également utile, la position relative de ces mêmes dents et leur valeur dans les jugements zoologiques ; et toutefois l’on retint en France l’ancienne dénomination, faute d’un mot dans la