Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/295

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langue qui pût répondre à la double acception du terme primores.

C’est placé sous l’influence de ces deux préventions qu’on en est venu à employer les dents antérieures des rongeurs. On ne pouvait méconnaître en elles leurs deux conditions dominantes, l’une d’être les premières comme situation relative, ou les premières pour être aperçues dans l’animal vivant, et l’autre d’être portées au plus haut point d’importance comme caractère indicateur. Aussi, sur ces deux conditions de leur essence, on a bien pu être entraîné dans un jugement irréfléchi sous d’autres rapports : j’ajoute, l’on a dû de même regarder comme suffisamment acquise l’analogie de ces dents antérieures avec celles ayant cette situation chez l’homme ; d’où il est arrivé que définitivement l’on a appelé les unes et les autres du nom de primores.

Ainsi on avait procédé à une réelle détermination d’organes, en ignorant que l’on ne s’était point renfermé dans une véritable voie d’études ou d’expérimentation ; et l’on peut s’en convaincre par ce qui aurait pu advenir en se donnant un autre point de départ ; car si l’on se place comme observateur à l’autre bout de la rangée dentaire, l’on arrive nécessairement à une conclusion absolument différente. Et en effet, veuillez compter les dents d’arrière en devant, les molaires vous apparaissent d’abord, les canines ensuite, et les incisives en dernier lieu. De l’homme où les choses sont ainsi, passez aux rongeurs : plus vous apporterez d’attention et de sévérité dans cette comparaison, et plus vive sera votre conviction. Vous ne pourrez qu’être frappé de la répétition des mêmes faits, si ce n’est en un seul point. Les dents du fond de la bouche sont, chez l’homme comme chez les rongeurs, également précédées