Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/31

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Bertholet, que l’hydrogène sulfuré qui ne contient point d’oxigène, agit comme un acide ; l’oxigène n’est donc pas toujours le principe de l’acidité. D’autre part, les expériences de M. Davy venaient de prouver qu’il est principe d’alcalinité tout comme d’acidité ; ainsi son nom même n’avait plus de fondement dans sa nature. Bientôt l’on apprit que l’hydrogène n’a pas moins que l’oxigène, le pouvoir de produire des acides.

Depuis long-temps les chimistes s’efforçaient vainement de découvrir le radical de l’acide muriatique ; mais d’après les explications proposées par Bertholet, ils supposaient que cet autre acide, si célèbre par les usages que l’on en fait dans les arts, qui s’obtient en faisant passer l’acide muriatique sur l’oxide de manganèse, et que Scheele, son inventeur, avait nommé acide muriatique déphlogistiqué, résultait de la combinaison de l’acide muriatique avec l’oxigène de l’oxide ; on l’appelait en conséquence acide muriatique oxigéné ; rien ne semblait donc si simple que d’en extraire l’acide muriatique en lui enlevant cet oxygène que l’on croyait y surabonder. MM. Gay-Lussac et Thénard l’essayèrent, mais ils ne purent jamais y réussir, sans y ajouter de l’eau on du moins de l’hydrogène. Ce phénomène les frappa beaucoup ; l’eau, se dirent-ils, est donc un ingrédient nécessaire à la formation de l’acide muriatique ; mais comment se fait-il qu’elle y adhère avec tant de force qu’on ne puisse l’en retirer par aucun moyen ? Ne serait-ce point seulement par un de ses éléments (par l’hydrogène), qu’elle concourt à former cet acide ? et l’oxigène qui se dégage dans l’opération, et que l’on croyait provenir de l’acide muriatique oxigéné, ne serait-il pas simplement l’autre élément de l’eau ? Alors ni