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l’acide muriatique oxigéné, ni l’acide muriatique ordinaire, ne contiendraient d’oxigène ; le second ne serait que le premier, plus de l’hydrogène. Cette pensée leur vint ; ils l’exprimèrent même à la fin de leur Mémoire, comme une hypothèse possible ; mais ils n’osèrent la soutenir en face de leurs vieux maîtres, pour qui la théorie de Lavoisier était devenue presque une religion[1].

M. Davy qui était plus libre, fut aussi plus hardi ; dans un Mémoire lu en 1810[2], il mit hautement cette hypothèse en avant et la développa par une multitude d’expériences ultérieures[3]. Le prétendu gaz muriatique oxigéné était donc un agent de combustion à l’égal de l’oxigène ; il devenait en même temps un être simple pour nous, il lui fallait un nom simple ; M. Davy lui donna celui de chlorine, que l’ou a ensuite abrégé et changé en chlore.

Une théorie si nouvelle ne fut pas, comme on peut bien le croire, aussitôt adoptée que proposée ; M. Murray, savant chimiste d’Edimbourg, M. Berzelius lui-mème, défendirent l’ancienne théorie avec autant d’esprit que de persévérance ; jamais on ne vit dans les sciences une lutte aussi bien

  1. Mémoires de la Soc. d’Arcueil, tom. II, p. 357.
  2. Researches on the oxymuriatic acid, its nature and combinations, and on the elements of the muriatic acid. Soc. roy. 12 juillet 1810. Philos. trans. v. C. p. 231. Ann. de Chimie, tom. LXXVI, p. 113 et 129. Journ. de Phy. tom. LXXI, p. 321. Bibl. brit, tom. XLV, p. 229.
  3. On some of the combinations of oxymuriatic gas and oxygene, and on the chemical relation of these principles to inflammable bodies. Soc. roy. 15 nov. 1810. Phil. trans. vol. CI, p. 1. Ann. de Chimie, tom. LXXVIII, p. 298. Journ. de Phys. tom. LXII, p. 358. Bibl. brit. tom. XLVII, p. 34, 245, 340.