Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/323

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existence de véritables incisives ne cause qu’un si faible changement, et ne devient saisissable qu’à titre d’une ressource pour une distinction de sous-genre. Je le répète, c’est un fait stérile, dans ce sens que cette différence laisse en demeure, sans les entraver le moins du monde dans leurs rapports respectifs, tous les organes des sens, toutes les autres parties de la tête, le tronc, les viscères, les pieds, et généralement tous les arrangements spéciaux de ces mammifères.

Que signifient ces réflexions ? diront peut-être quelques naturalistes en résistance à l’égard du mouvement qui entraîne, loin des sentiers battus, plusieurs de leurs confrères. Qu’est-ce, je crois entendre dire, que ces idées spéculatives ? une théorie de plus. – Oui, je l’accorde volontiers ; oui, c’est cela, s’il faut ainsi nommer un jugement porté sur des données nombreuses et très-compliquées. Voilà, si je me trompe, ce que l’on est bien près de préférer à ce prétendu positif de l’Histoire naturelle, qui a dominé et qui règne encore dans les écoles, à ces cadres capricieusement prévus ; pouvant admettre quelques notions de nombre et d’accidents de forme, à ce roide des descriptions, où les physionomies des êtres sont plutôt indiquées que senties et expliquées.

Je pourrais étendre ces réflexions à tous les genres de la petite famille de ces mammifères insectivores. Mais je préfère voir mes conclusions générales sortir de considérations différentes, et je passe aux animaux rongeurs.

§ IV.
Dents des rongeurs.

Il y a des rongeurs de deux ordres, 1o  ceux qui tiennent d’assez près aux animaux des trois sortes de dents, et 2o  ceux