Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/53

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peut faire l’homme qui se dévoue tout entier à une science, qui lui donne tout son temps, toutes ses facultés.

Tel a paru M. Vauquelin à tous ceux qui en ont approché. Il était tout chimiste, chimiste chaque jour de sa vie, et pendant la durée de chaque jour ; toute recherche, tout examen lui convenait, pourvu qu’il eût quelque rapport à la chimie. On ne pouvait lui faire plus de plaisir que de lui demander en ce genre quelque nouveau travail. De lui-même il se proposait rarement de ces problèmes élevés qui peuvent influer sur les grandes doctrines des sciences ; c’était en quelque sorte pour analyser qu’il analysait : sels, pierres, minéraux, produit des plantes ou des animaux, tout ce qui se prêtait à l’analyse, il en faisait son dévolu. Ses résultats, quels qu’ils fussent, il les imprimait à mesure, sans trop s’inquiéter des conséquences ; mais comme tout se lie dans la nature, il n’en est presque aucun, tout isolé qu’il parût d’abord, qui n’ait conduit à perfectionner quelque procédé des arts, à compléter quelque théorie, à rectifier quelques opinions reçues, ou même à découvrir quelque vérité plus générale. C’est ainsi qu’il a répandu sur la minéralogie et la métallurgie, sur la physique végétale et animale, sur la matière médicale et la pharmacie, des lumières abondantes et inattendues.

En chimie animale, par exemple, les expériences qu’il présenta en 1791 à l’Académie, lors de sa candidature, prouvèrent que la respiration des insectes et des autres animaux à sang blanc[1] est de la même nature, et produit sur l’air

  1. Ann. de Chim., t. XII, p. 273. Bulletin de la Soc. Philom., 1792, p. 23.