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l’oxide de ce métal[1]. On en fabrique un jaune-orangé, l’une des couleurs les plus nettes et les plus durables que les peintres puissent employer, et un émail vert, le seul vert pur et profond qui se laisse appliquer à la porcelaine dure, M. Laugier l’a retrouvé jusque dans les pierres tombées de l’atmosphère.

Feu M. Delille, à qui l’on venait d’expliquer la propriété singulière de ce nouveau métal, inspiré par ces phénomènes remarquables, fit presque sur-le-champ les beaux vers où il les exprime avec un rare bonheur :

«Peintre des minéraux, de nos plus belles fleurs
Il distribue entre eux les brillantes couleurs ;
L’émeraude par lui d’un beau vert se colore ;
Il transmet au rubis la pourpre de l’aurore ;
Quelquefois du plomb vil fidèle associé,
Teint d’un vif incarnat son obscur allié ;
Tantôt rival heureux des couleurs japonaises,
Avant qu’elle ait de Sèvre enduré les fournaises,
Il peint la porcelaine, et lui prète à nos yeux
Ces fonds verts et brillants qui résistent aux feux.
Notre siècle en est fier, et, par un juste hommage,
Un jour de Vauquelin y gravera l’image.»

(Les Trois Règnes. – Chant V.)

Ce que Delille n’a pas dit, mais ce dont les amis des lettres ne peuvent guère douter, c’est que ces vers seront pour notre confrère un monument plus durable que toutes les images de quelque métal qu’elles soient. Pour lui, les monuments l’occupaient peu ; un fait nouveau de chimie l’intéressait plus

  1. Journal de la Soc. des Pharm., 1798, p. 174.