Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/60

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que l’opinion de la postérité, et je ne sais s’il a jamais lu les vers que je viens de rappeler.

Rien en effet ne pouvait être plus simple que son genre de vie ; personne n’était plus étranger aux affaires de ce monde. Arrivé sans efforts de sa part, et toujours par l’impulsion d’autrui, d’un état voisin de l’indigence à une fortune très-considérable, et qui augmentait d’autant plus rapidement qu’il ne connaissait aucun besoin personnel ; porté même, après la mort de Fourcroy, à la chaire que son protecteur laissait vacante à la faculté de médecine, et cela par un hommage spontané de tous les candidats qui renoncèrent unanimement à concourir avec lui ; décoré successivement, et sans aucune demande de sa part, de toutes les marques d’honneur compatibles avec sa position sociale, il ne s’était jamais douté de la nécessité de cultiver les hommes en place ou leurs familiers subalternes, pour s’avancer et se maintenir, lorsqu’à près de soixante ans, il se vit troublé dans cette paisible existence et de la manière la plus imprévue. En 1824, quelque tumulte d’écoliers engagea l’université à prendre envers la faculté de médecine une mesure qu’un si mince prétexte ne semblait point motiver. Elle fut cassée et recomposée, et les noms de Vauquelin, de Jussieu, de Pinel et de Dubois furent du nombre de ceux que l’on oublia de replacer sur la liste ; oubli doublement étrange, car ce n’était pas seulement des hommes dont la haute célébrité avait puissament concouru à celle de l’école, mais des hommes dont le genre de vie était plus particulièrement caractérisé par un grand éloignement pour ce qui pouvait ressembler le moins du monde à de la turbulence.

C’est ainsi que trop souvent les hommes les plus purs