Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/610

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parce qu’il est d’autres forces[1] qui, indépendamment de la rumination proprement dite, l’atténuent et le divisent ; par conséquent de cela seul que l’aliment, trouvé dans tel ou tel estomac, est plus ou moins divisé ou atténué, on ne peut pas toujours conclure qu’il est ruminé ; et par conséquent aussi, des expériences qui, de quelque façon qu’on les combine, ne peuvent jamais apprendre autre chose que ce seul fait, savoir, qu’après la mort de l’animal, on a trouvé, ou non, dans tel ou tel estomac, des aliments plus ou moins divisés ou atténués, ne sauraient conduire à la détermination précise de la marche que suit l’aliment ruminé, ou de la seconde déglutition.

7. Mais, pour la marche même de l’aliment non ruminé, ou de la première déglutition, on a vu que cet aliment va dans les deux premiers estomacs : mais va-t-il immédiatement dans ces deux estomacs ? ou bien, comme Daubenton

  1. par exemple, la force contractile de la panse, qui, comme on le verra plus loin, est surtout marquée dans les points où règnent ses replis musculeux internes. Des grains d’avoine, directement introduits dans la panse, au moyen des anus artificiels, dont il va être question, d’abord s’y gonflent et s’y ramollissent au point que leur pulpe intérieure devient fluide comme du lait ; puis ils s’y dépouillent de leurs enveloppes ; et enfin ces enveloppes elles-mêmes s’y réduisent peu à peu en fragments ou débris ; réduction ou division qui a lieu sans le concours de la rumination (ou, plus exactement, de la seconde mastication qui suit la rumination proprement dite, ou le retour des aliments à la bouche); car, dans toutes les expériences où j’ai voulu juger de la force contractile de la panse, j’ai toujours commencé par lier l’œsophage, pour que l’animal ne ruminât plus. Mais je reviendrai ailleurs sur ces expériences.