Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/725

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de leur valeur suit toutes les fluctuations du commerce. L’or et l’argent sont les deux métaux dont le prix relatif s’écarte le moins d’une certaine quantité moyenne ; cependant les variations ont une valeur assez sensible pour qu’on soit obligé d’en tenir compte dans les transactions commerciales. Il est des pays où la loi s’est conformée à ce fait, elle n’a point cru pouvoir fixer la valeur de l’or, même monnaye. Par exemple, à Amsterdam où l’unité monétaire est un florin d’argent, le ducat d’or n’a pas de valeur réglée, son prix est établi tous les jours par les évènements du commerce, on l’annonce avec celui des autres marchandises ; en France, au contraire, l’or a une valeur légalement fixée ; la loi a statué que l’or pur vaut quinze fois et demi son poids d’argent pur ; cette fiction, contredite à chaque instant par les faits, ne peut raisonnablement être considérée que comme une approximation qui fournit une règle pour certains cas que les conventions des particuliers ou les lois n’ont pas prévus ; par exemple, pour rendre valables les offres de paiement que le créancier pourrait avoir intérêt de refuser, et qu’il refuserait si elles étaient faites en une monnaie qui n’aurait pas une valeur déclarée par la loi.

La taxation de l’or, comme tout ce qui n’est pas conforme à la vérité des choses, a des inconvénients ; le commerce les élude par l’usage de ce que, dans l’échange des monnaies d’or et d’argent, on appelle agio : c’est une prime que l’une des deux parties paie à l’autre pour compenser la différence qui se trouve, au jour de l’échange, entre la valeur légale de l’or et sa valeur marchande ou courante. Il résulte de cet usage que les intérêts particuliers ne sont point lésés par l’emploi de l’or comme monnaie, et que le vice de la loi est