Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/77

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vement ; mais les rares étincelles qui étaient sorties de la tige et leur petitesse, faisaient douter qu’on pût épuiser ainsi l’immense quantité de matière fulminante dont une nuée orageuse doit être chargée. Les effrayantes expériences faites par Romas de Nérac ne vainquirent pas leur opposition, parce que cet observateur s’était servi d’un cerf-volant à corde métallique qui allait, à plusieurs centaines de pieds de hauteur, puiser le tonnerre dans la région même des nuages. Bientôt, cependant, la mort déplorable de Richman[1], occasionée par la simple décharge provenant de la barre isolée du paratonnerre ordinaire que ce physicien distingué avait fait établir sur sa maison de Saint-Pétersbourg, vint fournir de nouvelles lumières. Les érudits virent dans cette fin tragique l’explication du passage où Pline le naturaliste rapporte que Tullus Hostilius fut foudroyé pour avoir mis peu d’exactitude dans l’accomplissement des cérémonies à l’aide desquelles Numa, son prédécesseur, forçait le tonnerre à descendre du ciel. D’autre part, et ceci avait plus d’importance, les physiciens sans prévention trouvèrent dans le même événement une donnée qui leur manquait encore, savoir qu’en certaines circonstances, une barre de métal peu élevé arrache aux nuées orageuses non pas seulement d’imperceptibles étincelles, mais de véritables torrents d’électricité. Aussi, à partir de cette époque, les discussions relatives à l’efficacité des paratonnerres n’ont eu aucun intérêt. Je n’en excepte mème pas le vif débat sur les paratonnerres terminés en pointe ou en boule, qui divisa quelque temps les savants anglais. Personne, en effet,

  1. Le 6 août 1753.