Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/81

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le vrai de l’incertain, à se défier, enfin, des théories hasardées que les compilateurs sans discernement adoptent avec une aveugle confiance.

Lorsqu’en profitant de la grande action que les pointes exercent sur le fluide électrique, Saussure fut parvenu (1785), par la simple addition d’une tige de huit à neuf décimètres de long, à beaucoup augmenter la sensibilité de l’électromètre de Cavallo ; lorsqu’à la suite de tant de minutieuses expériences, les fils métalliques portant des boules. de moelle de sureau du physicien de Naples, eurent été remplacés par des pailles sèches, on dut croire que ce petit appareil ne pourrait guère recevoir d’autres améliorations importantes. Volta, cependant, en 1787, parvint à étendre considérablement sa puissance, sans rien changer à la construction primitive. Il eut recours, pour cela, au plus étrange des expédients : il adapta à la pointe de la tige métallique introduite par Saussure, soit une bougie, soit même une simple mèche enflammée !

Personne assurément n’aurait prévu un pareil résultat ! Les expérimentateurs découvrirent de bonne heure que la flamme est un excellent conducteur de l’électricité ; mais cela même ne devait-il pas éloigner la pensée de l’employer comme puissance collectrice ? Au reste, Volta, doué d’un sens si droit, d’une logique si sévère, ne s’abandonna entièrement aux conséquences du fait étrange qui venait de s’offrir à lui, qu’après l’avoir expliqué. Il trouva que si une bougie amène sur la pointe qu’elle surmonte, trois ou quatre fois plus d’électricité qu’on n’en recueillerait autrement, c’est à cause du courant d’air qu’engendre la flamme, c’est à raison des communications multipliées qui s’établissent