Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/82

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ainsi entre la pointe de métal et les molécules.atmosphériques.

Puisque des flammes enlèvent l’électricité à l’air beaucoup mieux que des tiges métalliques pointues, ne s’ensuit-il pas, dit Volta, que le meilleur moyen de prévenir les orages ou de les rendre peu redoutables, serait d’allumer d’énormes feux au milieu des champs, ou mieux encore, sur des lieux élevés. Après avoir réfléchi sur les grands effets du très-petit lumignon de l’électromètre, on ne voit rien de déraisonnable à supposer qu’une large flamme puisse, en peu d’instants, dépouiller de tout fluide électrique d’immenses volumes d’air et de vapeur.

Volta désirait qu’on soumit : cette idée à l’épreuve d’une expérience directe. Jusqu’ici ses voeux n’ont pas été entendus. Peut-être obtiendrait-on à cet égard quelques notions encourageantes, si l’on comparait les observations météorologiques des comtés de l’Angleterre que tant de hauts fourneaux et d’usines transforment nuit et jour en océans de feu, à celles des comtés agricoles environnants.

Les feux paratonnerres firent sortir Volta de la gravité sévère qu’il s’était constamment imposée. Il essaya d’égayer son sujet aux dépens des érudits qui, semblables au fameux Dutens, aperçoivent toujours, mais après coup, dans quelque ancien auteur, les découvertes de leurs contemporains. Il les engage à remonter, dans ce cas, jusqu’aux temps fabuleux de la Grèce et de Rome ; il appelle leur attention sur les sacrifices à ciel ouvert, sur les flammes éclatantes des autels, sur les noires colonnes de fumée qui, du corps des victimes, s’élevaient dans les airs ; enfin, sur toutes les circonstances des cérémonies que le vulgaire croyait destinées à apaiser la colère des dieux, à désarmer le bras fulmi-