Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/87

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Ainsi, d’après cette théorie, le fluide électrique qui, dans un jour d’orage, promène instantanément ses éblouissantes clartés de l’orient au couchant, et du nord au midi ; qui donne lieu à des explosions si retentissantes ; qui, en se précipitant sur la terre, porte toujours avec lui la destruction, l’incendie et la mort, serait le produit de l’évaporation journalière de l’eau, la suite inévitable d’un phénomène qui se développe par des nuances tellement insensibles que nos sens ne sauraient en saisir les progrès ! Quand on compare les effets aux causes, la nature, il faut l’avouer, présente de singuliers contrastes !

J’arrive maintenant à l’une de ces rares époques dans lesquelles un fait capital et inattendu, fruit ordinaire de quelque heureux hasard, est fécondé par le génie, et devient la source d’une révolution scientifique.

Le tableau détaillé des grands résultats qui ont été amenés par de très-petites causes, ne serait pas moins piquant, peut-être, dans l’histoire des sciences que dans celle des nations. Si quelque érudit entreprend jamais de le tracer, la branche de la physique actuellement connue sous le nom de galvanisme, y occupera une des premières places. On peut prouver, en effet, que l’immortelle découverte de la pile se rattache, de la manière la plus directe, à un léger rhume dont une dame bolonaise fut attaquée en 1790, et au bouillon aux grenouilles que le médecin prescrivit comme remède.

Quelques-uns de ces animaux, déja dépouillés par la cuisinière de madame Galvani, gisaient sur une table, lorsque,