Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/9

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Voilà ce que nous présentent éminemment les deux célèbres chimistes dont je dois vous entretenir dans notre séance ; nés l’un et l’autre dans un état voisin du dénûment, et supportant tous deux avec fermeté les peines de leur position. Dès qu’ils eurent fait quelques pas dans la carrière des sciences ; dès que leurs premiers travaux furent connus, la faveur les entoura ; ils furent accueillis dans le monde ; à mesure que leurs découvertes s’accrurent, ils se virent conduits à la fortune, et les honneurs s’accumulèrent sur leur tête ; aucune voix jalouse ne troubla ce concert unanime, ou s’il s’en éleva, ce ne fut qu’après que leur position sociale eut été mise à l’abri de toute atteinte et que les jaloux furent réduits à n’être plus que des envieux.

Sir Humphry Davy, baronnet, ancien président de la Société royale de Londres, associé étranger de l’Académie des Sciences, de l’Institut, naquit à Penzance, petite ville du comté de Cornouailles, la plus reculée de toute l’Angleterre vers l’ouest, le 17 décembre 1778, de Robert Davy et, de Grace Millett.

Sa famille avait, dit-on, possédé autrefois des terres assez considérables dans la paroisse de Ludgvan, voisine de Penzance ; mais Robert Davy, son père, était réduit à une très-petite ferme sur les bords de la Boye, dite du mont Saint- Michel, d’après un rocher assez semblable, par sa situation, et par le couvent qui y était construit, à celui qui porte le même nom sur la côte de Normandie. Désirant augmenter son mince revenu par quelque industrie, il exerça longtemps à Penzance l’état de sculpteur en bois et de doreur : ce métier lui réussissant mal, il se retira sur son bien, qu’il essaya de faire valoir sans y être plus heureux, et il mourut en