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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 13.djvu/8

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devions à la mémoire de nos confrères, nous croyons que nos hommages en sont devenus plus purs, précisément parce que nous en avons soigneusement écarté tout ce qui n’était pas digne d’eux.

Jean-Baptiste-Pierre-Antoine de Monet, autrement appelé le chevalier de Lamarck, naquit à Bazantin, village de Picardie, entre Albert et Bapaume, le 1er août 1744. Il était le onzième enfant de Pierre de Monet, seigneur de ce lieu, d’une ancienne maison de Béarn, mais dont le patrimoine, peu considérable par lui-même, se trouva tout à fait disproportionné pour une si nombreuse progéniture. L’église offrait alors des ressources et quelquefois une grande fortune aux cadets des familles nobles ; M. de Monet y destina de bonne heure son jeune fils, et pour l’y préparer, lui fit commencer ses études aux jésuites d’Amiens ; mais l’inclination de l’enfant ne répondit point aux désirs paternels. Tout ce qui l’entourait lui tenait un autre langage : depuis des siècles ses parents avaient porté les armes ; son frère aîné était mort sur la brèche au siége de Berg-Op-Zoom ; deux autres servaient encore ; et ce n’était pas à l’époque où la France se trouvait engagée avec le plus de violence dans la triste lutte commencée en 1756, qu’un jeune homme qui se sentait du cœur aurait pu renoncer à suivre de tels exemples. Son père résistait cependant ; mais ce bon vieillard étant mort en 1760, rien ne put déterminer le jeune abbé à garder son petit collet. Il s’achemina sur un mauvais cheval, et suivi d’un pauvre garçon de son village, vers l’armée d’Allemagne, muni pour tout passeport d’une lettre d’une de ses voisines de terre, madame Lameth, pour M. de Lastic, colonel du régiment de Beaujolois. On peut se figurer l’humeur de cet officier en se voyant ainsi embarrassé d’un