Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 13.djvu/9

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enfant que sa mine chétive faisait encore paraître au-dessous de son âge ; il l’envoya cependant à son quartier, et s’occupa de ses devoirs. Le moment en effet était critique ; on se trouvait au 14 juillet 1761 ; le maréchal de Broglie venait de réunir son armée avec celle du prince de Soubise, et devait attaquer le lendemain l’armée alliée, commandée par le prince Ferdinand de Brunswick. Dès le point du jour M. de Lastic parcourut le front de son corps, et la première personne qu’il remarqua fut le nouvel arrivé, qui sans lui rien dire s’était venu placer au premier rang d’une compagnie de grenadiers, et que rien ne put déterminer à quitter ce poste.

On sait que cette bataille, qui porte le nom du petit village de Fissingshausen entre Ham et Lippstadt, fut perdue par les Français, et que leurs deux généraux, s’accusant mutuellement de cette défaite, se séparèrent aussitôt et n’entreprirent plus rien d’important du reste de la campagne. Pendant les mouvements du combat, la compagnie où était M. de Lamarck fut placée dans un lieu où elle se trouva exposée à tout le feu de l’artillerie ennemie ; dans la confusion de la retraite on l’y oublia. Déjà tous les officiers et sous-officiers étaient tués, il ne restait plus que 14 hommes, quand le plus ancien grenadier s’apercevant qu’il n’y avait plus de Français en vue, proposa au jeune volontaire, devenu si promptement le commandant, de faire retirer cette petite troupe : « On nous a assigné ce poste, répond l’enfant, nous ne devons le quitter que si on nous relève, » et il les y fit en effet demeurer jusqu’à ce que le colonel, voyant que cette compagnie ne se ralliait pas, lui envoya une ordonnance qui se glissa par toute sorte de sentiers couverts pour arriver jusqu’à elle. Ce trait de fermeté ayant été rapporté au maréchal, il fit sur-le-champ