Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ix
DE M. CHAPTAL.

autres ; car ce n’est pas seulement une certaine suite de faits nouveaux qu’elle a fait connaître, mais un ordre nouveau d’agents qui ont leur influence marquée dans tous les faits connus. Et c’est parce qu’elle remonte jusqu’aux principes constitutifs, jusqu’à la nature même des corps que se partagent les autres sciences naturelles, que la chimie est devenue, dès l’abord, un secours immédiat pour chacune d’elles, et bientôt, si l’on peut s’exprimer ainsi, le lien qui les unit toutes.

C’est donc proprement de l’art expérimental qu’est née la chimie moderne. Jusque-là, elle avait tour à tour été confondue avec l’alchimie et la pharmacie. Grâce à cet art des expériences, duquel datent le génie nouveau des sciences et cette rénovation de l’esprit humain, provoquée par Bacon et commencée par Galilée, elle a pu se débarrasser des entraves de l’alchimie ; elle n’a plus vu, dans la pharmacie, qu’une de ces applications si nombreuses et si variées qu’elle produit en foule à chaque pas qu’elle fait ; elle a pu s’élever enfin jusqu’à un corps de doctrine qui par ses transformations profondes et successives, a conduit en moins de deux siècles des rêves de l’alchimie, à la chimie précise et presque mathématique de nos jours.

Chacun sait comment ce corps de doctrine a reçu sa première forme des mains de Becher et surtout de Stahl. On sait comment ces deux grands hommes ont, les premiers, essayé de rattacher tous les autres faits à un fait principal, celui de la combustion, et comment ils ont cru pouvoir expliquer ce fait lui-même par l’hypothèse du phlogistique.

Un progrès de plus dans l’art des expériences permet enfin de démasquer, de saisir ces agents cachés, ces airs, ces gaz, ces forces réelles qui jusque-là avaient manqué à l’explication

T. XV. Hist. 1835.
B