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ÉLOGE HISTORIQUE

pour le laboureur, restera éternellement gravé dans le cœur reconnaissant du peuple français. »

Rendu aux sciences, M. Chaptal s’occupa d’un ouvrage qu’il méditait depuis longtemps, et qui devait être, en quelque sorte, le complément de la plupart de ceux qu’il avait publiés jusque-là. Cet ouvrage est sa Chimie appliquée aux arts.

Tout art dépend d’une science ; mais il en est séparé d’abord par un intervalle immense ; et de conduire l’art jusqu’à la science, ou, réciproquement, la science jusqu’à l’art, est, en tout genre, un des pas les plus difficiles et les plus lents que fasse l’esprit humain.

C’est aussi le pas le plus grand que puisse faire un art quelconque ; car ce n’est que de ce moment qu’il a des principes rationnels, c’est-à-dire une théorie.

Déjà Bergman, Berthollet[1] avaient essayé de ramener à des lois constantes les phénomènes de la teinture ; ce que ces grands chimistes avaient tenté pour un art en particulier, M. Chaptal osa l’entreprendre pour tous les arts qui dépendent de la chimie.

Son ouvrage peut être regardé comme le premier essai d’une théorie générale des arts chimiques ; il a eu le double effet de porter dans les ateliers les lumières de la science, et de produire aux yeux des savants, les faits que découvre la pratique journalière des artistes ; et, au fond, l’un de ces deux effets n’était guère moins important que l’autre.

  1. Et, avant eux, Dufay, Hellot, Macquer.