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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/44

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ÉLOGE HISTORIQUE

de théories fines et compliquées ; ces résultats prennent dans l’ouvrage de M. Chaptal, et à côté des faits, une sorte de réalité matérielle, un corps.

Et ceci même sera l’un des effets les plus importants de cet ouvrage, c’est qu’il aura fait sentir avec une force toute nouvelle, la nécessité de lier, d’appliquer enfin l’une à l’autre, l’économie politique et la statistique : l’économie politique, sans la statistique qui lui donne les faits, n’étant qu’une science de pure spéculation ; et la statistique, sans l’économie politique qui lui donne les principes, n’étant qu’une science morte.

Il y a, dans toute science, une partie abstraite, et une partie appliquée ; et c’est cette partie appliquée qui manquera toujours à l’économie politique, tant qu’elle ne se liera point à la statistique.

C’est donc désormais de leur réunion, c’est de leur jonction, seules, que dépendent leurs véritables progrès ; et c’est de ces progrès seuls que dépend, à son tour, la prospérité publique. Grand fait qui lie la prospérité des hommes aux progrès mêmes de la vérité et de la raison ; idée consolante, s’il en fut jamais, car, comme l’a dit un immortel philosophe, Condorcet, « les progrès de la raison sont la seule chose, dans l’homme, qui n’ait point de bornes, et la connaissance de la vérité, la seule qui puisse être éternelle. »

À cet ouvrage sur l’Industrie française, publié en 1819, M. Chaptal fit succéder sa Chimie appliquée à l’agriculture, qui parut en 1823.

Déjà, et dans un ouvrage où brillent des vues profondes, un des plus grands chimistes de l’Angleterre et du siècle, Davy, avait jeté les premières bases de l’application de la