Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/540

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
486
MÉMOIRE

séparant de l’acide, absorbe de l’eau qu’on ne peut plus lui enlever ensuite.

Ce rapprochement n’avait pas échappé à la sagacité de M. Chevreul, mais il acquiert par nos expériences un plus haut degré d’évidence et d’intérêt en ce que la fixation de l’eau qui s’effectuait déjà dans la saponification se retrouve ici dans les mêmes circonstances. S’il pouvait rester quelque doute sur la nature saline des huiles et des graisses, la comparaison que nous venons d’établir suffirait, ce nous semble, pour les détruire. À cela près que la synthèse ne peut, pour le moment, recomposer les huiles au moyen des acides et de la base qu’on en retire, tous leurs caractères chimiques correspondent avec ceux que nous avons reconnus à nos éthers. Il est curieux de comparer, sous ce rapport, la saponification de la cétine, par exemple, et le traitement de l’éther oxalique par la potasse. Les acides gras et l’acide oxalique absorbent, quand on les isole, de l’eau qu’on ne peut plus leur enlever qu’en les traitant par une base. La cétine contient de l’hydrogène bi-carboné qui, pendant la saponification, s’unit à de l’eau pour former l’éthal ; l’éther oxalique renferme de l’éther sulfurique qui, pendant la réaction de la potasse, s’unit à de l’eau pour former de l’alcool. La ressemblance ne laisse rien à désirer.

Enfin, le point de vue qui découle de nos résultats semble jeter une vive lumière sur le phénomène de la fermentation alcoolique. Chacun sait combien cette singulière transformation de sucre a excité de recherches, et peu de personnes ignorent que M. Gay-Lussac est parvenu à représenter ses produits de la manière la plus simple et la plus élégante.