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un organe différent. Une famille commune dans nos climats, celle des Résédacées, va me fournir une preuve évidente des derniers faits que je viens d’avancer.

Pendant longtemps, les Reseda furent décrits d’une manière tellement imparfaite que, si le Reseda odorata, cultivé dans tous les jardins, n’avait familiarisé avec les formes propres à ce genre de plantes, le botaniste, avec le seul secours des livres, n’aurait pu sans doute parvenir à déterminer les espèces communes dans nos campagnes. Qui en-effet aurait retrouvé dans le Reseda Phyteuma, où les parties sont si faciles à distinguer, ce calice dont deux divisions s’ouvrent davantage pour favoriser le pétale supérieur, ce même pétale mellifère et gibbeux à la base, et enfin cette glande unique soudée avec la base des pétales, caractères que les maîtres de la science, les Linné et les Jussieu, attribuent au genre Reseda[1] ? Ces hommes illustres ont tant fait pour elle, qu’on ne doit pas s’étonner qu’il leur ait échappé un petit nombre d’inadvertances ; et nous, qu’ils ont formés, nous, qu’ils ont placés si loin dans la carrière, nous avons eu, il faut le dire, bien peu de mérite, lorsque, revenant sur leurs pas, nous avons découvert, dans la marche qu’ils ont suivie, quelques légères erreurs.

Les modernes ont mieux saisi que Linné et Jussieu l’organisation apparente des fleurs du Reseda, et l’élève qui, dans ses herborisations, se servira du savant ouvrage de MM. de Candolle et Duby sur les plantes de la France, reconnaîtra sans

  1. Linn. gen. ed. Schreb. 326. — Juss. Gen. 245.