Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 17.djvu/33

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DE M. DE JUSSIEII. ^^VJ

son neveu est allé plus loin que lui, c’est qu’il est parti du point où son oncle l’avait conduit. Je cherche la vérité, je la cherche dans l’étude seule de leurs pensées, et il me semble que le caractère particulier de leur génie s’y démêle et s’y reconnaît à des traits distincts. Bernard, par la force d’une pénétration heureuse, a vu les principes de l’ordre naturel, mais il les a vus sans s’en rendre compte, et beaucoup plus pour lui que jiour les autres ; Laurent les a vus en s’en rendant compte, et en les exposant aux autres ; ces principes, si je puis ainsi dire, naissent dans l’un, ils mûrissent dans l’autre ; l’un les aperçoit, l’autre les explique ; en un mot, l’un est ce premier âge où le génie découvre, l’autre est ce second âge où le génie i-aisonne ce qu’il a découvert ; et il y a, entre M. de Jussieu et son oncle, entre leurs travaux, entre leurs manières, entre la forme de leur pensée, toute la différence qu’il y a entre ces deux âges.

Si, après avoir comparé l’ouvrage de M. de Jussieu à ce qui avait été fait avant qu’il parût, nous le comparons à ce qui est Tenu après, sa place n’en demeure pas moins unique.

Nous avons vu que l’auteur avait établi cent familles primitives ; aucune de ces familles n’a été supprimée ; plus de la moitié n’a subi aucune modification. Trois ont été portées, et portées tout entières, dans des groupes voisins, ce qui n’est qu’un mode différent d’association. La plupart des autres, par l’effet naturel de tant d’espèces nouvelles recueillies depuis près d’un demi siècle, ont dû être découpées et sousdivisées ; mais presque aucune ne l’a été que sur des sections, sur des coupes, établies par M. de Jussieu lui-même. Enfin, il y en a cinq, et.seulement cinq, qui ne se sont trouvées naturelles que par fragments.