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de m. rochon.

dans le port principal du royaume, nous a-t-il dit lui-même, il y prit pour les voyages un goût que nul obstacle ne put surmonter ; quelques connaissances mathématiques, acquises pour ainsi dire à la dérobée, dans des institutions qui avaient un but bien différent, lui inspirèrent le vif désir de se livrer à l’étude de la science navale ; et pour connaître non-seulement la théorie, mais encore la pratique de l’art du navigateur, il fit les trois voyages dont il a écrit l’histoire.

Le premier est celui de Maroc, entrepris en 1757 pour conduire un ambassadeur ; Rochon saisit cette occasion pour essayer son moyen d’observer les satellites, nonobstant les mouvemens du vaisseau. Un moyen à-peu-près semblable avait été proposé huit ans auparavant par Jrwin, officier de marine irlandais. L’idée était même bien plus ancienne, car, dès l’an 1557, Jacques Besson, pour faciliter aux marins l’usage de son cosmolabe, avait imaginé une chaise suspendue, à la manière de Cardan ; et dans l’une des planches de son livre, il s’était fait représenter, assis sur sa chaise, à la poupe d’un vaisseau, et dirigeant son instrument vers le ciel. La construction d’Jrwin était plus soignée ; on en fit plusieurs essais dont on fut peu satisfait. Dans un voyage à la Barbade, en 1763, Maskelyne nous dit que plusieurs fois il s’était servi de la chaise d’Jrwin pour tenter l’observation des satellites, et il avoue n’en avoir tiré aucune utilité. En 1771, les astronomes de la Flore essayèrent une nouvelle chaise imaginée par Fyot ; mais ils trouvèrent toujours que l’observation y était plus difficile que sur le pont du vaisseau.

Rochon ne connaissait probablement aucun de ces essais, lorsque, dans un Mémoire lu à l’Académie, et, long-temps après, dans l’histoire de ses voyages, il reproduisit l’idée de