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notice sur la vie et les ouvrages

naires, que l’erreur de l’estime est de 120 lieues. Il est obligé d’imaginer une nouvelle ruse, pour faire adopter la correction qui résulte de Ses observations. Nous rapportons ces anecdotes sur la foi de l’historien ; mais sa véracité est si bien reconnue, que personne sans doute n’aura l’idée d’en contester la moindre circonstance.

Rochon s’embarqua une troisième fois en 1771. Le capitaine Kerguélen, qui commandait l’expédition, n’avait aucune confiance aux méthodes astronomiques ; il voulut obstinément s’en tenir à son estime, dont l’erreur était déjà de 6° en longitude. On allait manquer l’île de France, et tomber sous le vent de l’île de Bourbon. Heureusement, on s’en aperçut à temps. La division éclata bientôt entre le capitaine et l’astronome, qui prit le parti d’abandonner le vaisseau, et de rester à l’île de France.

Ce n’était pas pour éviter les dangers de la navigation projetée, car il forma tout aussitôt le projet d’accompagner, dans un voyage de découvertes, le capitaine Marion, avec lequel il eût couru des dangers bien plus terribles. Malgré ses sollicitations, il ne put obtenir l’autorisation nécessaire ; et cette fois, il n’eut qu’à se féliciter du peu de succès de ses démarches, car Marion fut tué bientôt après, et sans doute dévoré par les sauvages avec une partie de ses compagnons ; et l’expédition fut abandonnée.

Ce qui put consoler Rochon de tant de contrariétés, c’est l’accueil qu’il reçut à son retour. Il se vit nommé successivement conservateur du cabinet d’astronomie et de physique de la Muette, astronome-opticien de la marine, inspecteur-général des machines servant à la fabrication des espèces monnayées, et commissaire-général des monnaies. Mais ce