Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/39

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Convention s’était réservé le choix de ses membres. Jusqu’au fameux 31 mai, on n’y comptait que des conventionnels neutres ou tout au moins étrangers aux deux fractions de l’assemblée qui se faisaient une guerre à mort. À la suite de plusieurs renouvellements partiels, il se composait, le 11 septembre 1793, de Robespierre, Saint-Just, Couthon, Collot d’Herbois, Billaud-Varennes, Prieur de la Marne, Prieur de la Côte-d’Or, Carnot, Jean-Bon Saint-André, Barère, Hérault de Séchelles, Robert Lindet.

La Convention, lorsqu’elle déféra de si grands pouvoirs au comité de salut public, voulait que chaque affaire fût dans ce comité le sujet d’une discussion, d’une délibération aPProfondie ; que la majorité des voix prononçât. Les décisions, pour acquérir force de loi, devaient, à peine de nullité, être revêtues d’un certain nombre de signatures. Ces prescriptions avaient le plus grand de tous les défauts, celui d’être complètement inexécutables. L’homme a trouvé de nos jours le secret de décupler sa vitesse quand il se déplace, de modifier sa force quand il doit agir, de porter ses regards scrutateurs dans les régions de l’infini ; il n’a pas découvert encore les moyens de lire une page d’écriture en moins de temps qu’on n’en employait jadis. Il faut même reconnaître qu’à cet égard le plus humble commis expéditionnaire marcherait l’égal de César, de Cicéron, de Descartes, de Bossuet. Les innombrables dépêches que le comité de salut public recevait journellement de tous les points de nos frontières menacées ou envahies, de toutes les villes, de tous les villages de l’intérieur où les promoteurs d’une nouvelle organisation politique luttaient violemment contre les préjugés et les intérêts des castes privilégiées, ne pouvaient être exa-