Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

minées avec maturité. Le zèle, l’activité, le dévouement ne suffisaient pas à l’expédition de tant de graves affaires ; une réforme était indispensable il y allait du salut de la France. Deux voies différentes se présentaient on pouvait provoquer la réorganisation du comité, ou partager le travail entre ses divers membres. La réorganisation du comité, en présence d’un ennemi puissant, au milieu de difficultés inouïes (dont aucune époque de l’histoire des peuples n’avait offert l’exemple), eût jeté dans la Convention de nouveaux ferments de discorde, énervé son pouvoir magique, et compromis la défense du territoire. La division du travail devait prévaloir, et elle prévalut en effet. Carnot fut chargé de l’organisation des armées et de leurs opérations ; Prieur de la Côte-d’Or, de l’armement ; Robert Lindet, des approvisionnements ; Robespierre, Saint-Just, Couthon. Billaud-Varennes, Collot d’Herbois, se réservèrent la politique, la police générale et les mesures de sûreté. Dans chaque nature de questions, une seule signature était sérieuse et emportait responsabilité les autres, quoique exigées par la loi, devaient être regardées comme l’accomplissement d’une simple formalité il était évident, en effet, qu’on serait obligé de les donner sans discussion et même sans examen.

Telles furent, Messieurs, les bases de la convention que Robert Lindet, pour sa sûreté personnelle, fit consigner dans une déclaration écrite, et à l’aide de laquelle les membres du comité de salut public crurent pouvoir, sans outre-passer les termes de leur mandat, conjurer les orages qui, de toutes parts, menaçaient le pays. Cet arrangement confidentiel sera sans doute blâmé les uns crieront à l’illégalité, les autres à l’imprudence. Je rappellerai aux premiers qu’enlacés dans