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éloge de m. delambre.

On trouve en cela une preuve frappante des progrès des sciences : car il n’y a pas un siècle que la question de la figure elliptique du globe était incertaine. Non-seulement l’aplatissement des contrées polaires était contesté dans le sein des académies, on avait même proposé et long-temps soutenu l’opinion directement contraire. Aujourd’hui tous les doutes sont résolus. Les opérations géodésiques faites en France, en Angleterre, dans l’Amérique équatoriale, dans les possessions anglaises de l’Inde ; la comparaison des longueurs du pendule à secondes, observées dans divers climats, et, comme nous l’avons dit, la théorie des inégalités lunaires donnent les mêmes valeurs pour la mesure de l’ellipticité terrestre. On ne traitera jamais cette question de la figure de la terre, si féconde en grands résultats, sans citer l’opération dont nous sommes principalement redevables à M. Delambre. Élu dans la plupart des académies étrangères, et membre du bureau des longitudes de France, il fut nommé dans l’institut secrétaire perpétuel pour les sciences mathématiques.

Nous rappellerons maintenant le temps de sa vie où il contracta l’union la plus heureuse et la plus digne de lui. Il avait été accompagné dans ses voyages géodésiques par un très-jeune homme, M. Leblanc de Pommard, que sa mère avait instruit ; qui avait reçu d’elle, outre les principes des meilleures études littéraires, la connaissance des plus beaux ouvrages de la littérature étrangère. M. Delambre, dont ce jeune homme partageait les travaux, s’attacha de plus en plus à lui, perfectionna ses talents, l’éclaira par ses conseils et par ses exemples. Sa mère connaissait tout le prix d’une telle amitié, et il est facile de concevoir combien son cœur