Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 4.djvu/228

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éloge de m. delambre.

fut touché d’un aussi grand bienfait. Madame de Pommard, devenue veuve, épousa l’ami et le protecteur de son fils, celui dont l’Europe savante honorait le caractère et les talents ; elle les admirait elle-même : personne ne sait mieux apprécier les hautes qualités du cœur et de l’esprit. Les motifs qui avaient déterminé cette union la rendirent fortunée ; mais cette famille si heureusement unie ne devait pas jouir d’un bonheur durable. Elle fut inopinément frappée par la perte déplorable de ce fils, objet unique de tant de vœux, de soins et d’espérances ; sa mère, livrée à une profonde douleur, trouva du moins quelque adoucissement dans la tendre affection de M. Delambez. Dix-huit années s’écoulèrent dans le sein de l’amitié, de la confiance et de la paix, dans des occupations chéries et le commun exercice d’une bienfaisance habituelle. Delambre avait succédé à Lalande dans la chaire d’astronomie du collége de France, et il fut nommé l’un des principaux titulaires de l’Université. Il a rempli durant vingt années, dans une des classes de l’institut et dans l’Académie royale des sciences, la fonction que les suffrages de ses collègues lui avaient confiée, et n’a cessé de se montrer impartial, vrai, équitable. Il n’a fait en cela que s’acquitter d’une obligation contractée, et le respect pour de tels devoirs n’est point un sujet d’éloges ; mais il est utile de citer le zèle empressé qui l’animait, et cette bienveillance ingénieuse qui lui était si naturelle, qu’aucun motif personnel et l’injustice même n’auraient pu l’altérer. Dans ses rapports annuels, dans les éloges historiques qu’il a publiés, et dans le tableau des progrès des sciences, on retrouve l’érudition savante qui le distinguait éminemment, un talent d’écrire formé sur les plus beaux modèles, et surtout