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éloge de m. de beauvois.

plus entreprendre que ce qu’il pourrait exécuter par ses propres moyens.

Une occasion telle qu’il la désirait ne tarda point à se présenter.

Il existe au fond du golfe de Guinée, au sud de la rivière Formose, dont une branche porte aussi le nom de rivière Benin, un petit royaume allié ou tributaire de celui de Benin, dont les habitants se nomment eux-mêmes Jackeris, et que les Européens appellent Oware ou Awerri, peut-être du nom du Portugais don Juan Alfonso d’Aveiro, à qui l’on en doit la découverte. Vers 1784, un capitaine négrier nommé Landolphe, qui faisait la traite pour la maison Brillantais-Marion de Saint-Malo, était parvenu à inspirer au roi de ce pays le désir de voir s’y former un comptoir français, et, à cet effet, ce prince lui avait confié un de ses sujets nommé Bondakau, qu’il lui avait même donné comme son fils, et qu’il l’avait chargé de faire élever à l’européenne. Landolphe montra quelque temps à Paris ce prétendu prince, vêtu comme l’étaient alors les gens de qualité. On le présenta au roi de France, et il fut introduit dans plusieurs maisons respectables. Sur les espérances que les promesses de ce nègre firent naître, Landolphe obtint une autorisation du gouvernement français, et une compagnie de négociants lui fournit quelques fonds pour former un établissement. Ce capitaine avait fait connaissance avec M. de Beauvois, et par lui avec M. de Jussieu, à qui il demanda un jardinier habile qui pût diriger ses cultures. M. de Jussieu s’occupait d’en chercher un, lorsqu’au bout de quelques jours M. de Beauvois vint lui dire : « Je vous ai trouvé un homme dont je réponds ; ce sera moi. »