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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 4.djvu/42

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l’image, on la distinguait aisément à la vue simple ; observée au télescope, elle paraissait d’une blancheur éclatante. Mais ce qui frappa le plus les deux observateurs, fut de ne pas voir cette image renversée, comme cela a lieu dans les mirages ordinaires, et de ne pouvoir distinguer au-dessus d’elle ni le corps du bâtiment, ni les tonneaux dont il était chargé ; les voiles seules étaient reproduites dans la même position qu’elles occupaient sur la barque, et également enflées.

Entre le corps palingénésique et la surface plane de l’eau, il semblait exister un intervalle, au-dessus duquel on vit pendant quelques instants se réfléchir assez nettement une partie de l’image de ce corps ; mais dès qu’il eut atteint la surface agitée, cette réflexion cessa, et M. Jurine observa sur le bord postérieur de la grande voile une ondulation qui paraissait coïncider avec celle des petites vagues environnantes.

Au bout d’un certain temps, une maison voisine ayant masqué la barque, M. Soret monta à un étage supérieur pour continuer l’observation. Quoique l’élévation du nouveau poste fût plus que double de la première au-dessus de la surface de l’eau, il vit également bien l’image qui continuait toujours à s’avancer vers la rive droite, à mesure que la barque se dirigeait vers la gauche. Environ dix minutes après, M. Soret descendit pour annoncer que les bateliers avaient plié les voiles, de manière qu’on ne distinguait plus au grand mat qu’une seule bande blanche. Avant de connaître ce changement, M. Jurine avait remarqué que l’image de la petite voile s’était insensiblement dissipée, et que celle de la grande avait diminué de ses dimensions primitives ; et il était tenté d’attribuer cette modification dans l’apparence du spectre, au