Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/134

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se donnait au jeu de tout son corps. Il ne réussissait guère dans les jeux de force et d’adresse, ni dans ceux qui exigent quelque patience ; il préférait ceux où son esprit avait une part, ceux auxquels il pouvait se livrer en compagnie des sœurs des petits camarades dont sa mère l’entourait volontiers.

Au moment des vacances, il allait chez ses grands-parents, M. et Mme Launois, à Arrancy, en pleine campagne, où on lui laissait une entière liberté dans les limites d’un grand jardin. C’est dans les allées de ce jardin qu’il se promenait en marchant très vite, un bâton à la main. De temps en temps, du bout de ce bâton, il écrivait ou dessinait sur le sable ; et l’on s’apercevait alors que, tandis qu’il était censé se reposer, sa tête travaillait malgré lui.

Il aimait les bêtes ; la seule fois qu’il ait tenu un fusil, il a tiré au hasard dans un arbre et il en est tombé un oiseau blessé. Depuis ce temps, il n’a jamais voulu tirer un seul coup de fusil.

La tendresse qu’il avait pour les animaux ne l’empêchait pas d’aimer ses semblables. Il n’y a pas eu de fils ni de frère plus affectueux que lui. Il était, de même, doux et gentil avec ses camarades, toujours modeste et conciliant, sans chercher à faire valoir sa supériorité. Mais, quand il s’agissait de choses auxquelles il tenait pour de bonnes raisons, il opposait aux autres une résistance passive, qui était inébranlable.


Pendant les vacances de 1865, au sortir de la septième, nous dit le général Xardel, nos familles se réunirent pour aller passer quelques semaines à Gérardmer. Henri voulait tout voir, tout comprendre, et nous expliquait tout. Il y a à Gérardmer un écho célèbre, l’Écho de Ramberchamp, que nous faisions causer. Henri nous exposait la théorie de l’écho, il connaissait la vitesse du son et la distance exacte à laquelle il fallait se

    occupé de toute autre chose que de faire ses devoirs. Et puis, tout à coup, il s’approchait de la table, et, sans s’asseoir, posant un genou sur la chaise, il prenait sa plume de la main droite ou de la main gauche, au hasard, écrivait quelques mots ou quelques lignes, puis reprenait ses allées et venues, et la conversation interrompue. Après quelques pauses semblables, le devoir se trouvait fait tout de même, et bien fait. Il écrivait alors indifféremment de l’une ou de l’autre main, et également assez mal. »