Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

savons de lui, on peut assurer qu’il s’acquitta avec conscience de ses devoirs professionnels. Son camarade Lallemand, aujourd’hui notre Confrère, nous apprend que, lui ayant un jour demandé des détails à propos d’un voyage d’études qu’il devait faire en Hongrie, où Poincaré était allé l’année précédente, celui-ci lui dicta, séance tenante, le programme le plus détaillé de tous les points où il devrait s’arrêter, des établissements qu’il devrait visiter et même des trains qu’il aurait à prendre, des hôtels qu’il devait choisir, de ceux qu’il fallait éviter.


III.


Tout en se préparant à être un bon ingénieur, Poincaré se tournait vers la Science, pour laquelle il était si bien doué. Ce qu’il faut admirer surtout dans ses débuts, c’est la décision, je ne crains pas de dire l’audace, avec laquelle il s’adresse aux questions les plus élevées, les plus difficiles et les plus générales. Négligeant de faire l’essai de ses forces sur des problèmes particuliers, il est de ceux qui, pour leurs coups d’essai, veulent des coups de maître ; il va droit aux problèmes les plus importants, les plus essentiels ; il ne craint pas de s’attaquer à ceux même dont la solution paraîtrait réservée à un lointain avenir.

Après avoir enlevé haut la main, en 1876, la licence ès sciences mathématiques, il débuta par un Mémoire sur les propriétés des fonctions définies par des équations différentielles, qui fut inséré en 1878 au Journal de l’École Polytechnique.

Notre grand géomètre Cauchy avait renouvelé les bases de l’Analyse infinitésimale par son immortelle théorie des fonctions d’une variable imaginaire ; mais entraîné par ses recherches, il avait laissé à d’autres le soin d’appliquer et de développer ses idées. Victor Puiseux montra le premier, dans un Mémoire classique, comment les principes de Cauchy pouvaient conduire aux propriétés essentielles des fonctions algébriques et de leurs intégrales. Briot et Bouquet abordèrent