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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/195

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fond, et par une sorte de découverte renouvelée, tout ce que la pensée humaine peut aujourd’hui comprendre. Et c’est pourquoi cette disparition prématurée, en pleine force intellectuelle, est un désastre. Des découvertes seront retardées, des tâtonnements se prolongeront parce que le cerveau puissant et lumineux ne sera plus là pour rapprocher des recherches qui s’ignorent, ou pour jeter, dans un monde de faits obscurs brusquement révélés par l’expérience, le coup de sonde hardi d’une théorie nouvelle.


Aux obsèques, qui eurent lieu le 19 juillet, le Ministre de l’Instruction publique, M. Guist’hau, exprima en ces termes le sentiment commun :


La mort d’Henri Poincaré, si elle réunit dans une même pensée de regret l’élite intellectuelle de tous les pays, est pour nous un deuil public. En s’y associant, le Gouvernement est l’interprète de la nation tout entière, douloureusement atteinte. Car si les travaux du mathématicien ne sont accessibles qu’à un petit nombre, tous savaient qu’Henri Poincaré représentait ce que le génie de la France a de plus pur, de plus désintéressé, de meilleur.


M. Jules Claretie, au nom de l’Académie française, MM. Lippmann et Painlevé, au nom de l’Académie des Sciences, M. Paul Appell, au nom de la Faculté des Sciences, M. Bigourdan, au nom du Bureau des Longitudes et du Conseil des Observatoires, le général Cornille, au nom de l’École Polytechnique, apportèrent successivement au grand penseur l’hommage de leurs regrets et de leur admiration.

La Société Royale de Londres, qui avait reçu la funeste nouvelle au moment où elle célébrait le deux cent cinquantième anniversaire de sa fondation, s’était fait représenter par deux de ses membres les plus distingués, MM. Larmor et Dyson.

Quelques jours plus tard, M. Vito Volterra, notre éminent Correspondant, qui avait été invité, comme Poincaré lui-même, à assister à l’inauguration du nouvel Institut Rice, en Amérique, à Houston dans le Texas, consacra toute la Conférence qu’il fit à cette occasion, devant nos Confrères Américains, à une exposition magistrale de l’Œuvre mathématique d’Henri Poincaré.

Comme l’a dit M. Claretie, la postérité avait commencé pour notre