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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/172

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pas vues sacrifiées à la cupidité d’hommes en crédit, avaient été livrées au charlatanisme d’aventuriers ignorants. Leur langueur n’avait donc rien de nécessaire ni d’irrémédiable ; mais pour leur rendre la vie, le premier pas à faire était évidemment d’instruire ceux qui devaient y travailler ; M. de Seychelles, alors ministre des finances, était digne de saisir des vues aussi sages, et avait promptement obtenu pour elles la sanction royale.

Cependant, pour enseigner il fallait des maîtres, et l’on ne possédait pas même un seul homme qui fût en état de professer l’art des mines, sous le point de vue pratique.

En effet, cet art né en Allemagne dans le moyen âge, y était demeuré à peu près concentré dans les mains des hommes du métier. À peine quelques traités de Métallurgie ou de Docimastique fondés sur une chimie grossière, commençaient-ils à se répandre en France dans des traductions imparfaites. Ce n’était que sur les lieux mêmes, de la bouche de ces ouvriers, et à la vue de leurs travaux, que l’on pouvait acquérir des notions sur les terrains qui recèlent les mines, sur les lois de leurs gisements, sur les moyens les plus sûrs de les attaquer, de les suivre, et d’en purifier les produits.

Mais si les ouvriers seuls possédaient tant de secrets, il fallait que ceux qui auraient à les leur arracher fussent plus que des ouvriers ; des esprits très-éclairés pouvaient seuls rassembler en corps de doctrine cette foule de faits épars, dont ceux qui les connaissaient étaient bien éloignés d’embrasser l’ensemble et soupçonnaient même à peine les rapports.

On arrêta donc de prendre dans l’école des Ponts-et-