Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles ont bien d’autres épreuves à subir de l’instabilité du temps, durant ces étés si fugitifs et que l’hiver ne cesse d’assiéger. Sans parler des perturbations générales, dont les montagnes sont toujours plus fortement assaillies que les plaines, au soir des plus beaux jours, l’activité de l’évaporation a bientôt refroidi le terrain que le soleil avait si puissamment échauffé : la nuit survient, et le rayonnement de ces cimes solitaires, vers un ciel dont rien n’égale la transparence et la pureté, ne manque guère d’y ramener la température au terme de la congélation.

Ce refroidissement des cimes donne naissance à un petit phénomène, visible des plaines adjacentes, et qui entre dans les pronostics de leurs habitants. Le Pic du Midi se coiffe quelquefois, et souvent au matin de très-beaux jours, d’une calotte de vapeurs demi-transparentes, dont les bords se perdent en mourant dans l’air qui les environne. Ce n’est autre chose que l’humidité de cette couche de l’atmosphère, condensée jusqu’à une certaine distance, par le froid du sommet ; et quel que soit le vent qui règne au bas de la montagne, on ne se trompe guère si l’on infère de cette apparence, qu’un vent méridional s’est emparé de la région supérieure, et que le sommet du Pic s’est couvert de gelée blanche. Le Puy-de-Dôme m’a souvent offert le même phénomène, et il a été remarqué depuis long-temps en Suisse au Mont-Pilate qui en a tiré son nom, Mons Pileatus. Il se pourrait fort bien que le Pic du Midi eût autrefois partagé cette qualification, car son lac, aujourd’hui appelé Oncet, du nom du bassin où il est situé, a long-temps porté et porte encore dans la carte de Cassini, celui de Lac Peylade.

Arrêtons-nous ici. La météorologie des montagnes est un