Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le système nerveux est à la fois l’intermède et l’agent de ces modifications de notre être. Les végétaux, privés de ce point de contact avec la nature, sont affectés d’une autre manière, et atteints par d’autres conséquences de la raréfaction de l’air.

Nous venons de voir que la vivacité de la lumière est une de ces conséquences. L’accélération de l’évaporation en est une autre ; et celle-ci agit en même temps, mais diversement, sur les végétaux et sur nous.

On en éprouve l’effet, lorsqu’à la cime des montagnes on ressent un froid que l’observation du thermomètre ne justifie pas. Cette sensation singulière, qui a autrefois frappé Darcet au sommet du Pic du Midi, est aussi facile à expliquer aujourd’hui qu’elle paraissait alors inexplicable. C’est encore à la facilité avec laquelle s’exécute la perspiration cutanée et pulmonaire que nous devons de n’avoir rien à redouter de la répercussion de la sueur, quand nous atteignons ces cimes, bien que nous ayons passé du chaud au froid, et du mouvement au repos ; tandis qu’au contraire, cette répercussion est fort à craindre quand nous descendons des sommets vers la plaine, quoique alors la fatigue soit bien moindre, et la transition du froid au chaud.

Quant aux végétaux, soumis comme nous à l’évaporation, ils semblent en redouter ici l’excès, et ne l’éprouver que pour être avertis de s’en défendre. Cette disposition se fait apercevoir plus ou moins dans un grand nombre de nos plantes alpines elle est surtout manifeste dans certaines espèces que nous trouvons plus bas garnies de feuilles vertes, minces, se desséchant très-facilement, et que nous retrouvons sur les cimes, avec des feuilles glauques, épaisses, et revêtues d’un épiderme imperméable.