Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/93

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une denrée plus pure que celles d’aucune autre saline ; et le consommateur y trouvera d’autant plus de bénéfice, qu’il n’attire point l’humidité de l’air.


L’argent et le mercure fulminant sont des substances que l’on ne connaît que trop depuis que, répandues dans le commerce à cause de l’usage qu’on en fait pour amorcer les armes à feu, elles ont causé tant d’accidents funestes. On les forme en rapprochant l’argent ou le mercure de l’acide nitrique et de l’alcool. Ces trois substances, dont deux sont composées, réagissent les unes sur les autres, et le composé définitif que l’on obtient détone avec violence par la chaleur ou par un choc léger. Mais en quoi consiste-t-il ? quels éléments des corps employés à le former y sont ils restés ? comment et dans quelles proportions y sont-ils combinés ?

Le docteur Liebig, jeune chimiste allemand, s’est occupé de ce problème. En mettant de la potasse dans la dissolution de mercure fulminant, il a précipité de l’oxide de mercure, et obtenu, par l’évaporation, un sel cristallisable et fulminant dans un moindre degré que le premier : toutes les bases alcalines en ont agi de même. Ainsi, la propriété de fulminer appartient non pas au mercure, mais à une combinaison qui peut s’unir avec diverses bases, en les neutralisant plus ou moins complètement, comme ferait un acide.

Il en est de même pour l’argent fulminant ; on peut en précipiter une grande partie de l’argent en y substituant un alcali ou un autre oxide métallique.

M. Liebig, après avoir employé comme base l’eau de chaux et l’avoir reprise par l’acide nitrique, est parvenu à isoler, à peu de chose près, le principe qu’il soupçonnait, et l’a vu se