Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/107

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de m. breguet.

Si l’œil pouvait discerner tous ces mouvements, il reconnaîtrait qu’ils se mêlent et se succèdent dans un ordre admirable ; et nos sens ne seraient pas moins charmés du spectacle de ces accords, que des plus vives impressions de l’harmonie.

La connaissance du caractère moral des hommes qui ont illustré les arts appartient à l’histoire. On aime à suivre dans la vie commune ceux qui ont reçu de la nature le germe des grands talents. On voudrait reconnaître les rapports du génie et de l’étude avec les mœurs, c’est-à-dire avec les habitudes de l’ame ; mais ces rapports sont si fugitifs et si divers, qu’on peut à peine en saisir quelques traits généraux. Quant à l’homme célèbre dont je rappelle les travaux, on peut dire avec vérité qu’il ne fut pas moins remarquable par les inclinations du cœur, que par la sagacité et le talent. Toutes les personnes qui l’ont connu savent qu’il était animé d’une disposition très-singulière à la bienveillance ; il s’intéressait sans réserve aux succès des autres, et il était touché de toutes les infortunes. Il semblait que dans ses relations avec les personnes dignes de son.attachement, il découvrît chaque jour de nouveaux motifs de les aimer, et en cela il se montrait aussi ingénieux que pour ses inventions mécaniques.

Les événements contemporains ne lui ont offert que trop d’occasions d’exercer cette bienveillance qui lui était si naturelle. On l’intéressait aussitôt qu’on était malheureux ou vaincu ; et pour citer tous ceux à qui il a offert un asyle, il faudrait rappeler les dénominations des partis les plus opposés.

Dans le cours de tant d’actions généreuses, il lui fut im-