Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cviij
éloge historique

aux conditions qu’on avait désiré de réunir ; car il avait reçu de la nature et d’une longue expérience, un talent si prodigieux pour transformer à son gré toutes les portions du mécanisme, qu’il résolvait sans effort les plus grandes difficultés.

Considérée comme industrie commerciale, l’horlogerie lui doit un de ses progrès les plus importants, celui qui consiste à faire concourir des ouvriers d’un talent inférieur, ou même des élèves, aux ouvrages les plus difficiles et les plus exacts, en réservant les derniers efforts de l’art, pour achever et coordonner toutes les parties. Cet établissement de la haute horlogerie en fabrique est un des plus grands services qu’il ait rendus.

Ainsi il a cultivé son art dans toute son étendue ; il lui a donné ou conservé tous les avantages qu’il comporte : car il a réuni l’exactitude, la solidité, le bon goût, les intérêts du commerce et les applications aux sciences.

Se placer au premier rang d’une profession difficile et nécessaire; inventer et perfectionner, en cultivant un art long-temps médité par Huyghens, Leibnitz et Daniel Bernoulli ; guider les.navigateurs, donner aux sciences des instruments nouveaux ; créer sa fortune en la fondant sur l’utilité publique ; jouir de l’amitié, ignorer l’ingratitude, échapper à l’envie, c’est une heureuse et honorab1e destinée. Puissent les arts réserver toujours d’aussi dignes récompenses à ceux qui les cultivent !

M. Breguet a conservé jusque dans l’âge le plus avancé, un caractère calme, facile et doux. Les changements de sa fortune n’ont point altéré la simplicité de ses mœurs : il était aussi modeste sur la fin de sa carrière, que lorsqu’il