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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/153

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cxlvij
partie physique.

il se trouvait répandu lors de la découverte de l’Amérique, c’est-à-dire entre le fleuve de la Plata au midi, les Cordilières à l’ouest, et le canal de Bahama au nord.


Les auteurs latins parlent beaucoup d’un certain bois qu’ils appelaient citrus ou citrum, et dont ils faisaient des meubles, et surtout des tables d’un prix qui aujourd’hui paraîtrait extravagant, même aux hommes dont le luxe est porté le plus loin : Pline en cite des tables vendues une valeur de plus de 200,000 francs de notre monnaie actuelle, et une qui le fut 287,000, quoique les plus grandes n’eussent pas, en une seule pièce, quatre de nos pieds de diamètre. Ce n’était pas à beaucoup près notre citronnier d’aujourd’hui qui est le malus medica des anciens, et dont les caractères sont tout différents. M. Mongès, membre de l’Académie des Belles-Lettres, a cherché à déterminer la véritable espèce du citrus des Romains. À cet effet, il a recueilli et comparé tous les passages des anciens où il en est question. Pline est à cet égard son auteur principal. On trouvait, dit-il, le citrus dans l’Atlas ; c’était avec les loupes ou excroissances de son tronc et de ses branches, mais surtout avec celles de ses racines, que l’on fabriquait ces tables précieuses. La beauté en consistait dans des veines ou dans des taches qui rappelaient celles de la peau du tigre, ou celles de la panthère, ou les yeux de la queue du paon, ou d’autres figures variées ; le fond de la couleur ajoutait à leur prix ; on estimait de préférence celles qui imitaient la couleur du moût de vin : des taches d’une autre nature, des parties autrement colorées que la mode ne l’exigeait, y étaient des défauts. On employait différents procédés pour mettre ce bois à l’état qui plaisait le plus aux