Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/207

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de m. richard.

Cependant une occasion se présenta à M. Richard de réaliser le projet qu’il nourrissait dès l’enfance. M. Necker et M. de Castries désirèrent d’envoyer dans nos colonies d’Amérique un homme en état d’y propager les productions des Indes que Poivre et Sonnerat leur avaient procurées au péril de leur vie, ainsi que de faire connaître celles de leurs propres productions dont il serait possible de tirer un parti utile. L’Académie invitée à leur indiquer un sujet porta ses vues sur M. Richard, et le roi Louis XVI, qui l’avait vu tout enfant, et qui connaissait personnellement la plupart des individus de sa famille, approuva avec plaisir sa nomination. On sait que ce prince infortuné aimait et cultivait la géographie. Il fit à M. Richard l’honneur de l’appeler plusieurs fois dans son cabinet, et de lui montrer sur une carte de la Guyane les cantons dont l’examen lui paraissait devoir offrir le plus d’intérêt ; les rivières dont il désirait que l’on fixât mieux le cours, et d’autres objets à la connaissance desquels il attachait de l’importance. Ces audiences, ces directions données immédiatement par le Roi, les promesses qu’y joignit le ministère, ne pouvaient manquer d’exalter encore l’ardeur naturelle de notre jeune naturaliste. Plein de courage et d’espérance, et sans songer le moins du monde aux précautions et aux formalités qui auraient rendu plus positifs les engagements que l’on prenait avec lui, il n’hésita point à faire sur son petit capital toutes les avances de son voyage ; et, pendant le voyage même, il ne songea pas davantage à ses intérêts : ce qui l’occupa le moins fut ce qui se passait en France dans cet intervalle, et l’influence que ces événements pouvaient avoir sur sa position.

Il aurait pu apprendre de bonne heure cependant que ni