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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/211

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de m. richard.

dérables dans les trois règnes. Son herbier était surtout remarquable, non-seulement par sa belle conservation, mais par le soin qu’il avait pris d’y joindre des dessins faits sur nature vivante de tous les détails de la fleur et du fruit. Rien ne pouvait être plus précieux, rien ne l’est même encore aujourd’hui que cette série de dessins. Trop long-temps les botanistes voyageurs n’avaient donné des plantes que des descriptions superficielles. Depuis Linnæus on apportait plus d’attention aux organes sexuels ; mais la position relative des parties, l’attache de la graine dans l’intérieur du fruit, l’intérieur de la graine.elle-même, étaient négligés ; et pour les plantes que l’on ne pouvait pas se procurer aisément en Europe, il n’y avait aucun moyen d’y suppléer. Des herbiers, des fruits desséchés, ne donnaient que des renseignements insuffisants ou incertains. C’est ce besoin de la science que M. Richard, dès le temps où il suivait les leçons de Bernard de Jussieu, avait parfaitement senti, et auquel il avait surtout résolu de subvenir. Ainsi dans le même temps où Gærtner travaillait avec tant de peine dans son cabinet à sa célèbre carpologie, notre botaniste, plus favorisé par sa position, décrivait et dessinait dans les bois et les savannes de Cayenne les fruits frais où les parties les plus délicates se voyaient distinctement, où chaque tégument, chaque pulpe, chaque graine avait conservé sa couleur et sa consistance.

Mais, au milieu de cette nature sauvage, si riche et si nouvelle pour lui, les plantes n’eurent pas seules le droit d’exciter son attention. Ces oiseaux singuliers, ces poissons, ces reptiles, de formes étranges et bizarres, le rendirent presque malgré lui zoologiste et même anatomiste ; et il fut l’un et l’autre comme il avait été botaniste, c’est-à-dire avec ardeur et passion. Dans ce climat à la fois humide et brûlant, où