Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/675

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la facilité de communiquer rapidement d’un lieu à un autre, dans un pays civilisé, devient ainsi pour l’observateur une juste mesure de l’activité, de l’industrie, de la richesse de ses habitants.

Si des moyens de transport plus multipliés et plus parfaits sont toujours un indice certain de la prospérité publique, on nous pardonnera de fixer quelques instants l’attention sur la France, et de montrer par quelles causes et jusques à quel point cette branche, ou plutôt ce résultat de notre industrie s’est développé de nos jours d’une manière si remarquable.

La plupart de nos grandes routes existaient déja, il y a cinquante ans, dans un état qui n’était pas inférieur à leur état actuel ; mais les voitures publiques qui les parcouraient journellement, étaient encore semblables à celles dont on avait été obligé de se servir quand les chemins étaient impraticables : le nombre de ces voitures était d’ailleurs limité par les concessions qu’on avait faites du privilége exclusif de les établir sur les diverses routes. M. Turgot, qui n’avait pas craint de provoquer la destruction des jurandes, ne craignit point d’attaquer le monopole des transports ; il fit substituer, en 1775, aux anciens coches des messageries, l’espèce de voitures publiques qui furent appelées Diligences, à cause de la célérité de leur allure comparée à la lenteur des carrosses qu’elles remplacèrent. On critiqua ce changement comme une innovation dangereuse ; cependant les voyageurs qui trouvaient à s’en servir une grande économie de temps, s’obstinèrent à profiter des avantages qui venaient de leur être offerts, et le succès de l’innovation fut assuré.

Loin de craindre la concurrence, l’industrie particulière la provoque, et c’est évidemment à cette concurrence libre-