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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/674

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En effet, pendant le transport d’une marchandise quelconque, elle n’est à la disposition, ni de celui qui doit-la recevoir, ni de celui qui l’a expédiée. Elle supporte ainsi au détriment de l’un et de l’autre, durant cet intervalle, une véritable non-valeur ; ils se trouvent par conséquent intéressés tous deux à diminuer cette non-valeur temporaire, c’est-à-dirę intéressés à rendre la durée du transport d’autant moindre que le prix de la marchandise est plus élevé.

Par des considérations du même ordre, l’état des personnes doit influer sur le choix des moyens de transport dont elles usent ; car si le temps est mis également à la disposition de chacun, il n’est pas également précieux pour tous.

Quand un homme, habituellement désœuvré, se met en voyage, il n’enlève point à d’autres occupations le temps qu’il passe en route ; ce temps s’écoule pour lui sans perte comme sans profit, et de quelque façon qu’il chemine, il n’entrera jamais qu’à raison de sa masse dans l’expression de l’avantage spécifique du moyen de transport qu’il aura choisi.

Il n’en est pas de même d’un homme qui, voyageant par nécessité, ne peut quitter les habitudes ordinaires de la vie, qu’en sacrifiant quelque portion du prix qu’il retire de ses occupations journalières ; sa dépense sur la route se compose tout à la fois de l’argent qu’il débourse, et du temps qu’il perd ; et ce temps peut être pour lui d’un prix tel, qu’il n’achetera jamais trop cher la faculté d’user des moyens les plus prompts d’arriver à sa destination : ici la valeur de l’individu explique et justifie la rapidité de sa marche.

Ce que nous disons d’un seul homme, s’applique sans restriction à des populations entières ; plus une nation est active, industrieuse et riche, plus le temps est précieux pour elle ;