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partie mathématique.

se combinent avec plusieurs autres qui remplacent la main-d’œuvre des animaux et même de l’homme.

On peut citer pour exemple la filature mécanique des cotons ; avec les métiers les plus parfaits, une seule personne suffit pour surveiller cent et même cent vingt fils. On a calculé que l’ensemble des machines employées aux manufactures dans la Grande-Bretagne, exigerait l’occupation manuelle de cent millions de personnes pour exécuter les mêmes produits d’industrie. On peut juger, par ces résultats, de l’immense production opérée dans les ateliers et dans les manufactures de ce pays.

On s’en formera une idée plus précise en observant que le total des exportations annuelles de la Grande-Bretagne surpasse la valeur d’un milliard de francs. Il faut ajouter que la quantité des produits qu’on exporte de ce pays, n’est qu’une faible partie de ceux qui sont créés par l’industrie anglaise pour suffire aux consommations de l’intérieur.

L’établissement subit et la multiplication des machines ont produit une révolution complète dans une foule de professions. Un très-grand nombre d’artisans se sont vus forcés d’abandonner leur premier travail, et de se créer des occupations nouvelles. Ils ont souffert durant ce passage ; ils ont porté de vives plaintes, et passant d’une juste réclamation à des voies de fait coupables, ils ont brisé des métiers, incendié des manufactures, et par-là même accru leurs propres maux ; car ils ont attaqué la fortune de ceux qui pouvaient employer un grand nombre d’ouvriers. Ces malheurs et ces excès ont donné lieu de mettre en question l’utilité des procédés mécaniques, et de soutenir que l’emploi des machines réduit à l’indigence une classe nombreuse d’habitants. M. Du-