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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/804

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que le moment d’inertie à vaincre n’est pas le même autour des différents axes de ce corps. Ainsi les mouvements rectilignes et les forces qui les impriment sont dans les mêmes directions et dans les mêmes rapports, et leur composition est représentée en géométrie par le même parallélogramme ; mais les rotations ne coïncident, ni pour leurs axes, ni pour leurs grandeurs, avec les couples qui les produisent, et leur composition ne se fait pas actuellement dans la même figure.

On peut encore remarquer, dans la nature, cette différence essentielle du mouvement de rotation au mouvement rectiligne. Dans celui-ci, toutes les molécules du corps s’avancent par des lignes égales et parallèles, sans exercer l’une sur l’autre la moindre action réciproque : elles se suivent et s’accompagnent, pour ainsi dire, comme si elles étaient simplement contiguës sans être liées les unes aux autres ; elles sont entre elles comme si le corps était en repos : en sorte que l’on pourrait, sans rien changer à l’état intérieur du corps, transporter à l’espace environnant, le mouvement total ou une partie du mouvement dont la masse est animée. Mais dans le mouvement de rotation, l’état intérieur du corps est changé par les forces centrifuges que la rotation y fait naître, et qui excitent des forces de tension entre toutes les molécules.

Il faut donc que ces molécules soient retenues ensemble par quelque force d’attraction mutuelle qui s’oppose à leur séparation, et qui ait une certaine valeur actuelle pour que la figure même soit conservée : et, comme il n’y a point de corps parfaitement durs,.on peut dire que la rotation d’un corps pourrait aller jusqu’à le rompre, et même à en dissiper toutes les molécules dans l’espace. La rotation est donc comme une cause qui peut changer l’état physique des corps, et dont la considération peut devenir importante à l’étude de la nature.