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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/127

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M. Serre assure même que les parties surnuméraires, quelle que soit leur position à la périphérie du corps, doivent toujours naissance à l’artère propre à l’organe qu’elles doublent ; qu’une patte antérieure surajoutée, par exemple, sortît-elle au-dessous du menton, reçoit une artère axillaire qui rampe sous la peau du cou pour aller vivifier ce membre insolite.

Il n’a trouvé aucune exception à cette règle dans les nombreuses monstruosités dont il a fait la dissection, et elle fait que ces sortes d’anomalies sont restreintes dans certaines limites : une tête, par exemple, ne se verra jamais implantée sur le sacrum, parce que ce trajet serait trop long et trop embarrassé pour les carotides ou les vertébrales surnuméraires.

Il en résulte aussi que ces organes surnuméraires ne peuvent être que des répétitions plus ou moins exactes des parties propres à l’animal dans lequel on les observe ; qu’un monstre humain n’aura pas en plus des pieds de ruminant ou d’oiseau, et réciproquement ; en un mot, que des personnes peu versées dans les connaissances anatomiques ont seules pu croire retrouver dans un monstre la combinaison de parties propres à diverses classes ou à diverses espèces.

On sent qu’il reste toujours à se demander pourquoi les artères se multiplient. Mais si l’ouvrage de M. Serre ne répond pas à cette question, il n’en présente pas moins un grand nombre de faits intéressants étudiés avec soin, et classés sous des lois qui commencent à mettre de l’ordre dans une matière dont on ne s’était pas occupé encore avec autant de méthode.