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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/144

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Nous avons parlé, dans notre analyse de 1822, des cédés par lesquels M. Deleau, soit en injectant la trompe d’Eustache, soit en perforant le tympan, est parvenu à débarrasser la caisse de l’oreille des matières qui l’obstruaient, et a guéri ainsi certaines surdités.

Ce médecin a présenté à l’Académie un jeune sourd-muet de naissance qui n’entendait pas les sons les plus violents, et qui a complètement recouvré l’ouïe par cette méthode ; mais pour avoir acquis la faculté de percevoir des sons, cet enfant était bien loin encore de jouir de tous les avantages que le sens de l’ouïe nous procure. Il lui a fallu une longue éducation pour apprendre à distinguer entre eux les divers sons, à savoir le sens qu’on y attache, et surtout à les imiter. Né de parents peu aisés, il n’avait malheureusement pas même reçu l’instruction dont il était susceptible, en sorte que le peu de développement de son intelligence augmentait les difficultés. Après trois mois, il n’avait encore appris que quelques mots simples ; et lorsqu’il voulait en reproduire de plus compliqués, il faisait une multitude d’efforts, et remuait long-temps sans succès ses lèvres, sa langue et son gosier, à peu près comme un homme qui-apprend à danser, n’exécute d’abord que des mouvements disgracieux. Il réussit mieux quand on lui eut appris à épeler, et l’on observa que ses organes suivaient plus régulièrement les signes visuels, auxquels il avait une fois attaché de certains sons, que les sons eux-mêmes prononcés devant lui. Encore aujourd’hui, semblable aux personnes qui apprennent une langue, et qui la lisent et l’écrivent long-temps avant de pouvoir s’en servir dans la conversation, il lit des yeux et écrit infiniment mieux qu’il ne parle.