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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/151

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peine nos forces suffisent pour leur rendre dans le temps prescrit l’hommage qui leur est dû par les sociétés dont ils firent l’ornement ?

On serait d’autant plus tenté de croire que M. Haüy éprouva cette influence irrésistible de son époque, que ce fut presque sans s’en être douté qu’il fut jeté dans une carrière à laquelle pendant quarante ans il n’avait point songé à se préparer. Au milieu d’occupations obscures, une idée vient lui sourire ; une seule, mais lumineuse et féconde. Dès-lors, il ne cesse de la suivre ; son temps, ses facultés, il lui consacre tout ; et ses efforts obtiennent enfin la récompense la plus magnifique. Aussi nul exemple ne montre-t-il mieux que le sien tout ce que peut opérer de grand, j’oserais presque dire de miraculeux, l’homme qui s’attache avec opiniâtreté à l’étude approfondie d’un objet ; et combien cette proposition est vraie, du moins dans les sciences exactes, que c’est la patience d’un bon esprit, quand elle est invincible, qui constitue véritablement le génie.

René-Just Haüy, chanoine honoraire de Notre-Dame, membre de cette Académie et de la plupart de celles de l’Europe et de l’Amérique, naquit à Saint-Just, petit bourg du département de l’Oise, le 28 février 1743. Il était le frère aîné de feu M. Haüy, si connu comme inventeur des moyens d’instruire les aveugles-nés ; et tous deux avaient pour père un pauvre tisserand, qui n’aurait probablement pu leur donner d’autre profession que la sienne, si des personnes généreuses n’étaient venues à son secours.

La première amélioration de la fortune de ces deux jeunes gens tint à cette disposition à la piété que l’aîné montra dès ses premières années, et qui a dominé sa vie.